La difficulté de trouver un éditeur, l’avènement de l’ère numérique ou encore le souhait de plus d’indépendance mènent de plus en plus d’auteurs à s’autoéditer. Que vous souhaitiez éditer un livre numérique ou un livre imprimé, nous vous proposons un guide pour vous aiguiller.
Qu’est-ce que l’autoédition ?
Lorsqu’un écrivain s’auto-édite, il prend en charge son livre de A à Z : de l’écriture à la distribution. Des premières notes griffonnées sur un carnet à la table de chevet du lecteur, l’auteur s’occupe des différentes étapes d’édition et prend les frais à sa charge. Aujourd’hui, l’auto-édition peut être moins le parcours du combattant qu’on s’imagine. Des plateformes, comme Bookelis, lulu.com ou thebookedition.com, par exemple, proposent d’accompagner les auteurs qui s’auto-éditent en France : correction, mise en contact avec des graphistes pour la couverture, impression, diffusion, promotion… Les services varient un peu en fonction de la plateforme.
Quelles différences avec l’édition classique ?
Un contrat est passé entre une maison d’édition et un écrivain. Cette première lui reverse alors des droits d’auteur : une dizaine de pourcents sur les ventes. L’éditeur s’occupe par contre de tout et prend les frais à sa charge : il parie sur votre succès. L’accès à un éditeur traditionnel reste assez difficile – en particulier pour les auteurs qui se lancent.
S’autoéditer : choix ou contrainte ?
De plus en plus d’auteurs s’orientent vers l’autoédition. En France, on est passé de 10 % de livres auto-édités en 2010 à 17 % en 2017 (source : Observatoire du dépôt légal – BNF). Les raisons peuvent être différentes. D’une part, il y a les écrivains qui souhaitent contrer les refus des maisons d’édition. L’autoédition se présente alors comme une solution pour pouvoir publier son livre envers et contre tout. De l’autre, des auteurs qui en font le choix pour des raisons d’indépendance, d’autonomie ou de rémunération.
Quels avantages de l’autoédition pour un auteur ?
- pas de contraintes de temps pour écrire
- pas de ligne éditoriale à respecter
- conserver toute la propriété des droits d’auteur
En passant par une maison d’édition, l’écrivain cède ses droits d’auteur. En s’autoéditant, il pourra adapter sans contraire son oeuvre pour le cinéma, le théâtre… et même s’en remettre plus tard à un éditeur s’il le souhaite.
- la liberté de fixer son prix pour la vente des livres
- des revenus plus importants qu’avec un éditeur traditionnel. Les écrivains touchent autour des 10 % de droits d’auteur par vente.
L’avènement d’Internet et la multiplication des plateformes d’autoédition rendent également les démarches de plus en plus faciles – et même très peu coûteuse si vous vous orientez vers un e-book.
Quelles sont les étapes pour publier un livre ?
En s’autoéditant, l’auteur se charge de toutes les étapes de création, publication et diffusion et/ou les prend à ses frais. Vous vous en doutez, un ebook reste moins lourd à réaliser aussi bien financièrement qu’en terme d’élaboration.
- Écriture : temps bien sûr pour lequel l’auteur n’est pas rémunéré
- Correction du fond et de la forme
- Mise en page
- Création de la couverture
- Impression, stockage et livraison – s’il s’agit d’un format papier
- Administratif et référencement
- Prospection commerciale
- Promotion
Les étapes en détails, de la correction à la publication
Les corrections : livre aussi bon sur le fond que sur la forme
La relecture sur le fond peut être déléguée à des “beta-lecteurs”. Vous pouvez demander à des proches – que vous savez objectifs – de vous donner leur avis. Sur la forme, vous aurez peut-être une personne dans votre entourage prof de français ou à l’orthographe irréprochable. Vous pouvez sinon vous en remettre à un professionnel. Pour un roman de 200 pages, comptez 360 euros sur Bookelis et 540 euros sur thebookedition.com, pour un manuscrit corrigé. Vous pouvez également vous adresser à des relecteurs indépendants : à vous de comparer des devis. Vous pouvez notamment en trouver sur le site Malt, qui référence des freelances de tous les secteurs.
La mise en page : un livre agréable à lire
Vous pouvez la réaliser vous-même sur des logiciels comme Open Office (gratuit), Word ou InDesign. Des gabarits, en fonction du format que vous souhaitez donner à votre livre, peuvent être directement télécharger depuis Internet, par exemple, sur le site Bookelis. Vous pouvez également y trouver des tutoriels détaillés (quelle police utiliser ? Quelles marges ? Comment numéroter les pages ? Quelles règles typographiques ?,etc.). Bien sûr, vous pouvez toujours vous en remettre à un graphiste. Si vous optez pour cette solution, contactez-en plusieurs afin de comparer les tarifs. Les prix sont en effet très variables. La mise en page d’un roman coûtera naturellement moins cher qu’un livre illustré, avec une mise en page moins répétitive. Idem, pour vous, un roman pourra être aisément mis en page, contrairement à un livre avec des illustrations. Notez que la manière de mettre en page diffère si vous souhaitez faire un livre numérique ou un livre imprimé. Mettre en page un e-book reste en effet un peu plus facile.
La couverture : attirer l’œil et susciter l’envie d’achat
Pour la couverture, tout dépend de ce que vous souhaitez. Une photo, une illustration, les infos de base sur un fond neutre… Vous ne souhaitez ou ne pouvez pas financièrement vous en remettre à un professionnel ? Il vous faudra alors un logiciel de mise en page comme InDesign ou Photoshop. Ces logiciels restent cependant assez coûteux : 35,99 €/mois/logiciel sans engagement. Le site Canva (gratuit) vous permet, par exemple, d’élaborer des designs de couverture très modernes, avec une tranche et un 4ème de couverture (uniquement nécessaire pour les livres imprimés). Bien sûr, il reste plus facile de réaliser une couverture par vous-même pour un e-book que pour un livre dédié à l’impression. Vous pourrez trouver des tutoriels et des gabarits sur le net.
Sur les sites spécialisés en auto-édition, vous pouvez vous en sortir pour 150 euros pour la couverture d’un livre papier réalisée par un graphiste et 99 euros pour celle d’un e-book.
Dépôt légal et obtention du code ISBN/EAN
Livre papier
Pour pouvoir commercialiser votre livre, vous devez effectuer un dépôt légal de votre oeuvre à la Bibliothèque nationale de France. Il vous faut également obtenir un numéro ISBN, ainsi que le code barre EAN qui va avec, auprès de l’AFNIL. Son coût ? 25 euros. Ce numéro qui vous permet d’être bien référencé sur les bases de données des bibliothèques et librairies. Ces mentions doivent d’ailleurs absolument figurer sur votre livre.
Livre numérique
Pas de dépôt légal nécessaire pour un e-book. Il se fait a priori automatiquement. Pour être sûr d’être référencé, vous pouvez également envoyer le lien du site sur lequel se trouve votre livre à l’adresse : depot.legal.web@bnf.fr.
L’ISBN n’est pas obligatoire pour déposer et vendre sur certaines librairies en ligne (Amazon, par exemple). Il est cependant conseillé si vous souhaitez malgré tout être bien référencé et avoir accès à toutes les plateformes de vente.
Vous sortez votre livre en édition numérique ou papier ? L’ISBN sera alors différent.
Publication
Générer un e-book (gratuit)
Pour que votre livre numérique puisse être lu sur les supports dédiés, vous devez transformer votre fichier. Des plateformes comme convertio.co ou le logiciel gratuit Calibre vous permettront de convertir un Word au format epub – standard pour les livres numériques. Une fois votre e-book généré, vous pouvez le vérifier grâce à des logiciels qui lisent le format e-book. C’est notamment le cas de Calibre.
Impression de son livre
Pour faire publier votre livre, c’est une prestation que vous pourrez très difficilement réaliser par vous-même. Pour proposer un rendu de qualité et une jolie reliure, vous devez forcément passer par un imprimeur. Comparer les offres restent cependant essentiels autant pour le prix que pour la qualité du résultat. Réfléchissez aussi bien à la quantité que vous souhaitez : plus vous en imprimez, plus les coûts diminuent. Vous pouvez soit passer par un imprimeur traditionnel, soit par un imprimeur en ligne. Quelle que soit la solution choisie, le suivi reste très important.
Certaines plateformes en ligne vous permettent d’imprimer vos livres à la demande. Vous évitez ainsi l’impression “à perte”. Cependant, chaque livre revient naturellement plus cher !
Les étapes de la diffusion à la promotion
Ces deux étapes sont en réalité très proches : pour que votre livre soit diffusé, vous devez en faire la promotion.
Diffuser son livre
- Vous publiez un livre papier ? Vous pouvez le référencer sur les bases de données utilisées par les libraires : Dilicom, Décitre, SFL (source de base de données de la Fnac*)… Il sera alors disponible sur commande dans les librairies. Cela ne signifie donc pas que votre roman se retrouve dans les rayons. Bien sûr, ce choix implique d’ajouter un intermédiaire entre vous et le lecteur – et donc des frais supplémentaires. Passer par un intermédiaire permet cependant de vous faire connaitre.
- Vous publiez un ebook ? Proposez votre livre sur un maximum de plateformes en ligne : Amazon, Kobo (FNAC), iBooks Apple, Chapitre.com…
- Vous pouvez également opter pour une vente en direct depuis votre site internet et sur des salons ou encore, de réaliser une campagne de financement participatif (on vous explique ça plus loin ;-)).
- Vous pouvez aller à la rencontre des libraires pour leur proposer votre livre en « dépôt-vente ». Pour info, le prix cédé à une librairie tourne autour de 30 % et monte à 40 % pour les ventes via la Fnac.
- Les plateformes en ligne d’auto-édition peuvent également vous aider dans la diffusion. C’est notamment le cas de Bookelis, qui a un partenariat de distribution avec Hachette Livre.
Faire la promotion de son oeuvre
Lorsque vous vous auto-éditez, vous ne bénéficiez pas des ressources et des contacts d’une maison d’édition. À vous de faire appel à votre imagination et d’utiliser toutes les ressources qui vous entourent pour faire gagner votre livre en notoriété : réseaux sociaux (facebook, instagram, monBestSeller.com…), contacter la presse spécialisée, rencontrer des libraires pour les convaincre de mettre votre livre en rayon, aller à des salons, créer une page web, demander à ses amis de relayer, s’inscrire sur des plateformes ou dans des groupes d’auteurs et de lecteurs, participer à des concours pour vous faire connaître, inscrire son livre dans des annuaires…
Autoédition : comment financer ses frais ?
S’autoéditer ne signifie pas forcément tout faire soi-même. En effet, un auteur n’aura pas toutes les compétences et devra alors s’en remettre à des prestataires. Par exemple, si une version papier du livre est prévue, il faudra naturellement passer par un imprimeur.
Les coûts vont dépendre bien sûr de la taille de l’ouvrage, du format (papier ou numérique), du nombre que vous souhaitez imprimer s’il s’agit d’un format papier, du nombre de tâches que vous souhaitez déléguer… L’opération peut vous coûter à peine quelques centaines d’euros – et même moins – comme plusieurs milliers d’euros.
Quelles solutions de financement pour éditer son livre ?
L’autofinancement
La première idée qui vient naturellement, c’est d’investir ses économies. C’est la direction que prennent beaucoup d’auteurs auto-édités. Tout le monde ne peut cependant pas se le permettre. De plus, c’est aussi prendre le risque de se lancer dans une série de frais qu’on ne maîtrise pas forcément.
Le financement participatif
Le crowdfunding se présente depuis plusieurs années comme une bonne solution pour les auteurs. Plus que collecter des fonds, réaliser une campagne de crowdfunding pour autoéditer un livre présente de nombreux avantages :
- vous pouvez jauger l’intérêt du public.
- Une collecte de crowdfunding constitue une campagne de communication à part entière. Le réseau de la plateforme est un bon moyen d’agrandir sa communauté.
- Vous êtes sûr de ne pas produire à perte. En effet, en proposant votre livre en précommande ou en contrepartie, vous connaîtrez le nombre précis de livre à imprimer dans un premier temps.
- Vous recevez l’argent en amont de la parution du livre, ce qui vous permet de payer, par exemple, l’imprimeur.
- Seulement 8 % du montant total collectés sont cédés à la plateforme de crowdfunding. En passant par une maison d’édition, l’auteur touche seulement un pourcentage sur les ventes (5-10 %) et même s’il s’auto-édite, il cède 30 à 40 % de son prix de vente aux librairies.
- Une collecte peut constituer un effet de levier pour attirer l’intérêt de maisons d’édition. Voir des centaines de contributeurs s’investir dans un projet de livre donnera confiance à l’éditeur. Un livre initialement pensé pour l’auto-édition peut repasser dans le circuit classique ou s’y orienter dans un second temps.
- Le nombre de contributeurs constitue également un argument pour convaincre les librairies de distribuer votre livre : des centaines de personnes auront déjà validé le concept.
Comment lancer une collecte de crowdfunding ?
Il vous suffit de déposer votre projet sur la plateforme de votre choix en réalisant une page de présentation (qui êtes-vous, où en êtes-vous dans la réalisation du livre…), de définir un temps de collecte ainsi qu’un nombre de livres à prévendre ou une somme à atteindre pour vous aider à sortir votre ouvrage. Une fois la collecte en ligne, vous devrez mobiliser vos communautés autour du projet.
*Pour être référencé à la fnac, il vous faut en plus prendre contact avec la FNAC référencement Livres (ref.livres@fnac.com).