La création d’une micro-brasserie, ce n’est pas de la petite bière ! Du business plan, au volume de production en passant par les démarches administratives, voici quelques conseils qui vont aideront à acquérir de la bouteille et créer une brasserie artisanale.
Vous avez bien réfléchi ? Vous vous sentez prêt ? Alors cessez de tergiverser et passez au concret. Notez que cet article concerne la brasserie artisanale, c’est-à-dire la production de bière et non la création d’une brasserie restaurant.
En mai 2019, les Brasseurs de France ont communiqué quelques éléments encourageants sur le marché français de la bière. Celui-ci était en hausse pour la cinquième année consécutive en 2018 et des centaines de nouvelles brasseries continuent d’ouvrir leur porte. Néanmoins, le syndicat des brasseurs précise que ces nouvelles brasseries restent fragiles. Mais les chiffres sont enthousiasmants car ils indiquent que les Français ont augmenté leur consommation de bière de 4,2% en 2018 par rapport à l’année précédente, soit une hausse de 5% en grande distribution et de 1,8% dans les cafés et restaurants.
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L’étude de marché d’un brasseur artisanal
Si vous avez pour projet d’ouvrir une brasserie artisanale ou une micro brasserie, votre démarche débute par une bonne étude de marché. Il convient d’évaluer les attentes des consommateurs. Si, comme nous le disons plus haut, le goût des Français pour la bière ne diminue pas, soyez original et diversifiez le marché en proposant une bière inédite, qui se démarque de ce qui existe. Mettez-y, pourquoi pas, du caractère ! Évaluez ensuite la concurrence. Les petites brasseries sont souvent dépendantes de la grande distribution et ce milieu est très compétitif. Dans un premier temps, il faudra trouver des commerces de détails susceptibles de vendre de la bière artisanale comme les cavistes ou les épiceries fines et envisager des réseaux de distributions alternatifs tels que les établissements indépendants ; les marchés, foires, ou salons ; le porte-à-porte et l’e-commerce.
Micro-brasserie, mise en place de l’activité juridique
Ouvrir une brasserie indépendante nécessite un statut juridique. Lequel choisir pour votre activité de brassage ? Vous pouvez choisir d’établir une société de personnes. Dans ce cas, l’entreprise est imposable à l’impôt sur le revenu et les propriétaires sont responsables des dettes de l’entreprise. La deuxième possibilité est d’établir une société de capitaux. Celle-là est imposable à l’impôt sur les sociétés et une personne morale doit y faire écran entre le patrimoine des associés et celui de la société. Selon le Registre du Commerce et des Sociétés, 49,2% des restaurants ont majoritairement choisi les deux formes de sociétés suivantes : EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) et SARL (Société A Responsabilité Limitée). Quant aux autres, la SAS (Société par Actions Simplifiée) et son corollaire la SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) ne représentent que 8,9% des restaurants. Enfin, une petite minorité, à savoir 1,7% des entreprises du secteur, a opté pour une autre forme de société.
Ces chiffres vous montrent une tendance mais ne doivent pas nécessairement vous guider dans votre choix. Les professionnels conseillent plutôt d’évaluer chaque forme juridique dans ses détails et de les comparer entre elles pour comprendre laquelle est la plus pertinente pour votre projet. Cela dépendra de vos ambitions, du volume que vous souhaitez produire, de vos objectifs, du nombre de personnes impliquées dans le projet, etc. La SARL ( société à responsabilité limitée), par exemple, comprend obligatoirement plusieurs associés contrairement à l’EURL qui ne comprendra qu’un seul associé.
Si beaucoup d’entrepreneurs privilégient les solutions qui leur feront payer moins d’impôts ou de charges sociales, nous vous conseillons de prendre également en compte les risques d’impact sur votre vie privée dans le cas où le projet serait en difficulté. N’hésitez pas à demander conseil à un avocat avant de finaliser votre choix.
Financer votre brasserie artisanale
Même si l’on parle de « micro » brasserie, il s’agit de trouver un espace suffisamment grand pour le stockage. Le matériel de brassage et la mise en bouteille requièrent en effet de l’espace. À seulement quelques euros le litre, la bière est un produit encombrant. 50m2 ne suffisent pas pour le stockage de cuves de 500 litres. Avant de lancer l’activité de brasserie, le financement initial est important car il comporte la location ou l’achat d’un local, le matériel de production, de transport et de stockage de la bière. Il faudra également consacrer un budget aux stratégies de marketing, de packaging et de communication. Enfin, la création d’un site d’e-commerce est fortement recommandé.
Une fois votre business plan de brasserie artisanale établi, vous pourrez vous lancer dans la recherche de financements. Étant donné que c’est un projet risqué, le prêt bancaire ne sera pas facile à obtenir. La meilleure alternative est sans aucun doute le crowdfunding. Le principe est simple, il s’agit d’organiser une collecte en échange de cadeaux (généralement des échantillons de produits) ou d’actions dans l’entreprise. L’avantage du crowdfunding est qu’il permet de donner ou d’investir de très petites sommes et vous permet d’évaluer l’intérêt du public. Aussi, c’est beaucoup moins coûteux qu’un prêt. Si les montants levés sont faibles (l’objectif moyen des campagnes est de 5 000 euros), la collecte vous permettra en tout cas de réduire le montant du prêt requis (ou de l’amorcer) et de démontrer au banquier l’intérêt du public à votre projet de micro brasserie artisanale.
Pensez aussi à observer autour de vous, à poser des questions, à vous rendre dans des brasseries existantes pour vous inspirer des micros brasseurs à succès.