Vous ressentez une irrésistible envie de renouveler votre bibliothèque ? Voici plein d’idées pour couvrir vos étagères et tables de nuit (et baignoires, tapis, garages, peu importe) de livres féministes. Cet article, bien sûr, est complètement subjectif !
Plus que des livres politiques pour les droits de la femme, plus que des livres militants. Il s’agit plutôt ici d’histoires ou portraits de femmes, des essais sur la sexualité, des œuvres qui ouvrent l’esprit et le cœur. Pour tous les styles et tous les genres…
1. King Kong Théorie de Virginie Despentes (Grasset, 2006).
Pour beaucoup de lectrices et certains lecteurs, il y a eu un avant et un après King Kong Théorie. Cet essai féministe a une importance toute particulière dans l’histoire du féminisme car l’autrice est devenue un modèle pour beaucoup de femmes qui n’avaient jusque-là aucun repère sur lequel se reposer. Virginie Despentes parvient à mettre des mots, pour la première fois, sur ce que beaucoup de femmes ressentent. Avec un style qui vous prend aux tripes, elle pose un regard tout à la fois glacial et brulant sur le statut de la femme dans la société occidentale en abordant les violences que les femmes subissent et notamment le viol dont elle a été victime.
« J’écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien que pour les hommes qui n’ont pas envie d’être protecteurs, ceux qui voudraient l’être mais ne savent pas s’y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés. Parce que l’idéal de la femme blanche séduisante qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, je crois bien qu’il n’existe pas. » V.D.
2. Mon évasion de Benoîte Groult (Grasset, 2008)
On voit souvent apparaitre Ainsi soient-elles (Grasset, 2003) dans les listes de livres féministes. Il faut dire que c’est une œuvre formidable qui rappelle que le droit des femmes est encore précaire, un livre qui parle aux anciennes comme aux nouvelles générations et c’est là sa force. Mais si nous devions ne garder qu’un livre de Benoîte Groult, c’est son autobiographie Mon évasion dans laquelle l’écrivaine revient sur son enfance, sa vie de femme et son engagement féministe tardif. Benoîte Groult a toujours été « convaincue que toutes les femmes sont des féministes qui s’ignorent ». Mon évasion est à lire parce qu’il n’est jamais trop tard pour changer d’avis, pour revenir en arrière, pour devenir féministe, pour lire Benoite Groult.
3. Une chambre à soi (1929)
C’est la base. Chaque femme devrait avoir « une chambre à soi », un espace privé, physique et mental, du temps pour soi… Une chambre à soi de Virginia Wolf est un classique ! Il avait été demandé à l’écrivaine à l’époque d’écrire un essai sur « la femme et la littérature », elle aborde le sujet avec humour et une approche presque métaphysique. Elle part du concret, du pratique, des détails d’une chambre, du montant d’une rente pour expliquer la nécessité pour les femmes de pouvoir vivre pour elles, de pouvoir créer.
« Ecrivez ce que vous désirez écrire, c’est tout ce qui importe, et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours. Mais sacrifier un cheveu de la tête de votre vision, une nuance de sa couleur, par déférence envers quelque maître d’école tenant une coupe d’argent à la main ou envers quelque professeur armé d’un mètre, c’est commettre la plus abjecte des trahisons. » V.W.
4. Beauté fatale, les nouveaux visages d’une aliénation féminine de Mona Chollet (Ed. Zones, 2012)
Cet essai de la journaliste Mona Chollet est un pamphlet contre « la tyrannie de la beauté » déclinée au féminin. Mona Chollet déconstruit, analyse, décortique la communication, l’industrie et les médias des dernières années pour montrer comment ils mettent en place et maintiennent à tous prix une logique sexiste dans la société, enfermant ainsi les femmes dans un état de subordination permanente. Dans Beauté fatale, l’autrice part de la question du corps pour défendre les droits des femmes.
5. Au-delà de la pénétration de Martin Page (Le Nouvel Attila, 2019)
L’un des combats du féminisme est le fait de se défaire du modèle de sexualité hétérosexuel et pénétrocentré. Dans son livre Au-delà de la pénétration, Martin Page se demande si la place de la pénétration dans les relations hommes femmes n’est pas trop importante. Il explique l’inexploré, il pousse à une sexualité imaginative. C’est un livre qui libère l’homme autant que la femme finalement car comme il le dit : «Si la sexualité était une question de plaisir, les femmes seraient moins pénétrées et les hommes le seraient davantage. » C’est un livre manifeste sur les rapports entre hommes et femmes. Un livre important, drôle, énergisant ! Important parce qu’il énonce des vérités trop souvent tues. Martin Page écrit d’ailleurs dans sa note d’intention : « Je voulais qu’on entende les difficultés, les douleurs, la peur d’être anormal·e, et qu’on dise qu’on se fout de la normalité si elle signifie le mépris et le jugement pour ce qui est différent ».
Le livres est composé de deux parties, la première est un court essai critique sur la pénétration écrit par Matin Page et la deuxième rassemble les témoignages souvent anonymes de femmes et d’hommes sur leur rapport singulier à la pénétration. Pour aller plus loin dans l’exploration de votre désir et celui de vos partenaires, nous vous conseillons également : Jouissance Club : Une cartographie du plaisir de Jüne Plã (Editions Marabout, 2020).
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