En 2018, la métropole européenne de Lille lançait un grand appel à projet pour valoriser les makers de son territoire. À quelques jours du lancement de la deuxième édition, l’équipe nous parle de l’origine de cette idée, de sa mise en place et du résultat.
Échanges avec Frédérique Seels et Gaëtan Friscourt
Comment la Métropole européenne de Lille a-t-elle eu l’idée du partenariat avec KKBB, plateforme de financement participatif ?
Frédérique SEELS – Vice-Présidente à l’économie, au commerce et artisanat, et à la Capitale Mondiale du Design 2020 : dans son discours présentant les projets et ambitions du mandat, le Président de la MEL, Damien Castelain, a fait du développement de la culture de la recette financière une priorité. C’est pourquoi nous œuvrons aujourd’hui à trouver des modes innovants de financement des projets de la MEL, et notamment pour soutenir les projets talentueux du territoire.
Nous entendions par ailleurs de plus en plus souvent parler du financement participatif, surtout avec la simplification du cadre réglementaire, permettant aux collectivités de réaliser leurs propres campagnes de dons.
C’est quand nous avons rencontré Olivier Sanch, le responsable collectivités et acteurs publics de KissKissBankBank, que nous avons été convaincus de l’intérêt pour la MEL d’expérimenter le financement participatif.
Après un appel à manifestation d’intérêt auprès des plateformes de financement participatif, c’est KissKissBankBank qui nous a séduit le plus pour la qualité du partenariat proposé afin de mettre en œuvre notre dispositif MEL Makers.
Quelles étaient les attentes et objectifs précis, s’agissant de ce partenariat ?
Gaëtan Friscourt – Chargé de mission Partenariats – Pôle Finances : en premier lieu, nous souhaitions être accompagnés par une plateforme qui comprend parfaitement nos besoins, nos attentes et plus globalement notre fonctionnement. Avec Olivier, le dialogue a tout de suite été très fluide puisqu’il a travaillé plus de 10 ans en collectivité!
Ensuite, nous attendions de la plate-forme qu’elle soit disponible et à l’écoute des porteurs de projets qui allaient se lancer (pour leur première fois!) dans le financement participatif. Avec KissKiss, le professionnalisme et la grande disponibilité des coachs et de l’ensemble de l’équipe dont un grand nombre à fait le déplacement jusqu’à Lille, a permis d’établir un bon lien de confiance.
Enfin, considérant qu’il s’agit d’une initiative que l’on n’avait jamais menée à la MEL, nous avions besoin de flexibilité et d’adaptabilité de la part de la plate-forme.
Comment la MEL est-elle parvenue à mûrir et à mener à bien son projet ?
Gaëtan Friscourt : nous avons réussi à mener notre projet grâce à la combinaison des compétences tant des partenaires du dispositif (en premier lieu KissKissBankBank mais également les 9 autres partenaires) que de nos ressources internes.
En particulier, notre direction de la communication a joué un rôle important pour doter les 10 lauréats des meilleurs outils de communication pour faire connaître leurs campagnes de collectes de dons.
Avec KissKiss, le positionnement des rôles de chacun et la transparence et la communication dans nos relations ont été essentiels pour mener le projet efficacement.
En quoi est-ce un enjeu central pour la MEL de soutenir et valoriser les Makers ?
Frédérique SEELS : Les Makers sont des créatifs, des innovants qui bien souvent se cachent! Ils (et elles!) ont des idées géniales qui peuvent se transformer en création d’activité et donc en richesses pour le territoire.
Si l’on articule cela avec le fait que les Makers œuvrent pour une consommation raisonnée des matières premières, pour une circularité de l’économie et pour le partage des connaissances, ils ont toutes les qualités pour contribuer à bâtir une métropole responsable, solidaire et innovante.
S’il fallait s’en convaincre, il n’y a qu’à faire un tour à la Maker Faire de Lille organisée par Leroy Merlin du 1er au 3 mars 2019, pour se rendre compte de la grande richesse de ce mouvement en pleine expansion.
Comment s’est déroulée la sélection des Makers ?
Gaëtan Friscourt : la MEL et ses 9 partenaires (l’Université de Lille, l’Université Catholique de Lille, Maker Faire Lille, Techshop Lille, BGE Hauts-de-France, Smart Grands Ensemble, Boulanger, La Condition Publique et Lille Makers) ont voté pour leurs 10 projets « coups de cœur ».
Le choix fut difficile puisque ce sont 40 candidatures de qualité que la MEL a reçues. Mais au final, une très belle sélection de 10 projets très différents, tant du point de vue des profils des MEL-Makers (créateurs d’entreprise, bénévole d’association, agents publics…) que des projets proposés.
Comment la MEL a-t-elle animé la campagne de communication ?
Frédérique SEELS : la MEL a orchestré une grande campagne de communication en s’appuyant sur différents médias. Une campagne d’affichage personnalisée où chaque MEL-Maker avait sa propre affiche, diffusée sur 250 panneaux du territoire et sur les bus de notre réseau : impossible de les manquer! Une campagne de communication digitale qui s’appuyait sur des vidéos individuelles d’une minute, apparaissant sur notre site Internet, sur Facebook, Instagram et Youtube. Et un article dédié dans notre revue MEL diffusée à plus de 500 000 exemplaires sur le territoire.
Les 9 partenaires du dispositif ont joué un rôle essentiel en relayant toute cette campagne de communication dans leurs propres réseaux, afin de sensibiliser le plus grand nombre.
Tout cela a demandé un très gros travail avec notre prestataire DPS, travail qui a été reconnu et récompensé puisque la MEL a reçu le prix de meilleure communication institutionnelle décerné une fois par an par le jury Cap Com !
Quels ont été les retours à propos de ce projet au sein du territoire métropolitain ?
Frédérique SEELS : nous n’avons eu que des retours positifs de cette campagne qui a été un grand succès pour les MEL Makers. A de multiples reprises, nous avons été sollicités par des porteurs de projets du territoire pour savoir si le dispositif allait été reconduit.
Quelles ont été les difficultés, et quels moyens mobilisés pour les dépasser ?
Gaëtan Friscourt : la principale difficulté a été de partager le stress des 10 MEL-Makers durant leurs campagnes de collectes sur KissKiss ! Même si je n’ai pas porté ma propre campagne de financement participatif, j’ai été très sensible à l’évolution au jour le jour des 10 collectes.
Pas de recette miracle pour dépasser cette « difficulté », sinon d’écouter les bons conseils des coachs qui ont l’expérience des campagnes de financement participatif.
Quel est le regard des autres CT sur la MEL suite à l’obtention du prix CapCom 2018 relatif à la communication institutionnelle ?
Gaëtan Friscourt : les autres collectivités ont semble-t-il été séduites par le projet MEL-Makers. Utiliser une campagne de communication cross-medias pour mettre en avant et appeler à soutenir financièrement des talents locaux dont les projets font sens pour le territoire, a été perçue comme une façon innovante de financer des projets. Des talents du territoire métropolitain se sont fait connaître du plus grand nombre ce qui, nous l’espérons, les aideront à faire grandir leurs projets bien au-delà des dons collectés.
A ce titre, suite à la campagne de comm de la MEL, je sais que certains MEL-Makers ont été contactés par des acteurs du territoire pour intervenir, présenter leurs projets et pourquoi pas nouer des partenariats de plus long terme.
Quelles perspectives pour la suite? Est-ce que ce type de projet, impliquant de soutenir et d’accompagner des Makers dans une dynamique territoriale, peut être vu comme structurant pour toute collectivité ?
Frédérique SEELS : en conseil métropolitain du 14 décembre dernier, les élus ont manifesté leur souhait de lancer le projet que je porte de « Métropole des Makers ». En quelques mots, il s’agit de s’appuyer sur les dispositifs comme MEL Makers, mais aussi sur les sites d’excellence, le réseau des tiers lieux et les nombreux partenaires actifs sur le mouvement des Makers comme l’entreprise Leroy Merlin, et de développer de nouvelles actions innovantes pour montrer que la MEL est un territoire favorable aux Makers et que nous sommes là pour les accompagner.
La métropole des Makers sera donc une dynamique structurante pour l’attractivité de notre territoire et pour la mise en synergie de toutes les forces Makers de la métropole. Les actions qui seront menées dans le cadre de cette Métropole des Makers seront autant de PoC qui participeront à la réussite de la Capitale Mondiale du Design en 2020 sur la Métropole Européenne de Lille.