Encore une collecte réussie pour notre serial crowdfunder, on ne l’arrête plus. 2 735€ collectés pour Bruno Leyval en mars 2014, 3 339€ pour Sadhu Le Serbe en novembre dernier, 4 386€ avec Romain Froquet en février et 3 148€ en mars avec El Patman. Frédéric, 42 ans, auteur, éditeur et producteur indépendant, nous parle de son parcours et de ses projets. Portrait.
« Je voulais créer ma boîte à 27/28 ans, vivre cette expérience même si elle ne devait durer qu’un an ou deux, c’est du moins ce que je pensais, que je retournerais dans le circuit « normal », chez un autre éditeur. Mais en fait non, malgré mes efforts répétés (pour la planter), elle a tenu le coup ! »
Tout au long de ces 13 années, il produira de la musique, des documentaires, lancera des magazines…« Si seulement KissKissBankBank avait été là plus tôt, dit-il en souriant ». Enrichi par toutes ses expériences, Frédéric se décide à lancer ses propres collections de livres : ARTtitude et Tattooisme. C’est une nouvelle page qui se tourne pour lui en 2011, et qui donnera naissance à « BOOTleg », une collection parallèle, indépendante, financée sur KissKissBankBank.
Alors pourquoi cette nouvelle collection ? Il est comme ça Fred, tout feu tout flamme : « Je n’aimais pas l’idée qu’un éditeur puisse avoir le droit de vie ou de mort sur une collection de livres, juste pour des raisons de politique interne ». Et c’est ainsi que lui vient l’idée de lancer son 1er projet sur KissKissBankBank.
Adepte des circuits courts, Frederic aime l’ADN du financement participatif, pour la notion de lien qui se crée entre l’artiste / le porteur d’un projet et le public concerné par ce projet. « Pas de bullshit, pas d’intermédiaire inutile, souvent là pour faire une bonne affaire plus que pour faire vivre un projet auquel il croit ». De l’autre côté, l’idée qu’il puisse faire plaisir tout en permettant de donner vie à un projet lui plaît. C’est pour ça que tous ses KissBankers sont toujours remerciés et listés à la fin de ses ouvrages. « Ce projet est pour eux autant que pour nous (auteur, artiste) et il existe uniquement grâce à eux ».
Les BOOTlegs
Grâce à l’écosystème initié par ARTtitude, Frederic est rapidement suivi par une communauté pour ses 5 projets BOOTlegs sur KissKiss. « On a un public qui nous suit, qui aime notre ton, la manière que l’on a de faire les choses, de parler des artistes, de les mettre en valeur aussi. Il est également important pour les artistes d’avoir cette reconnaissance, méritée, dans une collection qu’ils aiment et respectent. Et puis, c’est aussi faire vivre cette collection au-delà des projets ».
En travaillant avec des artistes français comme Bruno, Romain, Sadhu, Pat, cela lui a permis d’organiser des séances de dédicaces, de faire vivre les projets et les BOOTlegs, au-delà du dernier jour de collecte. « Dire et montrer que l’on n’est pas là juste pour prendre l’argent, mettre un livre dans une enveloppe et basta ».
Live painting de Bruno et Romain chez Trace TV
Lorsqu’on lui demande son secret pour une collecte réussie, il nous répond modestement qu’il n’y en a pas vraiment, mais que l’idée est de “créer à chaque projet, une nouvelle histoire. Un nouveau BOOTleg bien entendu mais aussi et surtout de pouvoir proposer un panel de contreparties inédites, originales et assez large pour que tout le monde puisse trouver son bonheur, en fonction de son budget et de son envie. Il faut être à l’écoute, se mettre à la place du KissBanker potentiel et réfléchir à ce qui nous ferait plaisir comme type de contreparties. Je suis le premier à vouloir me faire plaisir avec cette collection, tout comme les artistes qui y participent. C’est peut être ça le secret finalement : on se fait plaisir et ça se voit, ça se sent, donc ça devient peut être communicatif ! »
Si son 3ème projet (un BOOTleg sur l’artiste Juan Fransisco Casas) fut un échec, Fred en fait un cas d’école intéressant et nous explique que si sur le papier, le projet devait réussir les doigts dans le nez, il n’en fut rien dans la réalité. « On arrive à financer des projets avec des artistes ayants entre 2 000 et 10 000 followers. Alors avec les 50 000 followers de Juan, cela semblait être une histoire écrite d’avance. Eh bien non ! La raison est simple : ce n’est pas le nombre de followers qui compte mais la qualité du « réseau ». Le nôtre et celui de l’artiste. Dans le cas de Juan, il a de nombreux followers à l’étranger (Amérique du Sud, Asie …) et beaucoup n’ont pas compris le sens du projet et se sont dit « on achètera le livre une fois sorti ». Conclusion : il faut faire du qualitatif, être le plus didactique possible. Le quantitatif n’est pas un gage de qualité ».
Juan Fransisco Casas
Frederic compte évidemment refaire appel au crowdfunding et nous a affirmé que tous les titres de la collection BOOTleg seront lancés sur KKBB, car cela fait partie de l’ADN de cette collection. Il a également d’autres projets en tête. Ce qui l’attire, c’est l’idée que si un projet n’est pas bon, ou du moins pas viable dans sa forme, son public puisse dire « non, là on ne le sent pas celui-là ». En tant qu’entrepreneur, il est ravi de savoir si un projet va marcher ou non, avant de le lancer. « C’est quand même super pratique, on gagne du temps et fini les nuits blanches ou les pots cassés à réparer ! ».
On finit sur une petite anecdote de Fred sympa et pleine de promesses : « La collection BOOTleg va continuer à vivre et, fait amusant : alors que cette collection avait été lancé car nous n’avions plus d’éditeur, son succès a permis de nous faire remarquer par un gros éditeur : Eyrolles pour ne pas le citer. Conclusion : le crowdfunding, ce n’est pas non plus de la petite épicerie comme certains pourraient le croire, c’est un catalyseur pour des projets de toutes tailles. »
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