Il a éteint son ordinateur pour démarrer sa ponceuse, il a quitté son clavier pour faire quelque chose de ses mains, rencontre avec Charles Ballerait, le seul et unique artisan coutelier qui fabrique des couteaux à Paris.
Rencontre avec le seul coutelier de Paris
En quête d’une satisfaction manuelle
Avant d’être coutelier, Charles travaillait dans l’audiovisuel, comme scénariste de dessin animé. Mais ses doigts ne servaient qu’à taper sur des touches en plastique et à écrire des textes sur les écrans d’ordinateurs. Il développe une frustration, se sentant appelé à faire quelque chose ses mains. À la recherche d’un artisanat qui puisse combler ce manque, et associer fabrication manuelle, créativité et art, il tombe sur le site de l’INMA (Institut National des Métiers d’Art). Tous les métiers d’art y sont rangés par matière : pierre, bois, métal… Son côté geek prend le dessus et, en grand fan du Seigneur des Anneaux, il est attiré par la forge et plus précisément la ferronnerie et la coutellerie d’art.
Charles part alors à Vichy à la rencontre de Raymond Rosa, un artisan d’art, qui calme son envie pressante de créer des épées en le faisant commencer par des couteaux. Au bout d’une semaine, il revient de cette initiation à la forge et dessine « Le Petit Parisien », le couteau régional de Paris. Puis de retour en formation à Vichy, le premier prototype du couteau voit jour. Charles Ballerait devient le seul artisan coutelier de Paris qui fabrique officiellement des couteaux. (Les autres couteliers parisiens affutent ou réparent mais ne fabriquent pas.)
« Les mains c’est un put*** d’outil »
La coutellerie lui apporte une triple satisfaction. D’abord une satisfaction créative, quand par exemple un client arrive avec un dessin de couteau crayonné sur une nappe à midi, et qu’il faut trouver une façon de le réaliser. Puis une satisfaction humaine, à travers les rencontres que la curiosité pour le métier engendre (bien plus que devant un ordinateur). Il n’y a qu’à ouvrir la fenêtre, tel une échoppe médiévale, pour discuter avec les passants et présenter les couteaux, en bon artisan-commerçant.
Enfin une satisfaction manuelle. Charles voit les mains comme un « put*** d’outil »: « C’est articulé. Tu peux faire un milliard de trucs. C’est hyper sensoriel. Tu ressens les différences de chaleurs, les différences de grains… C’est fait pour faire quelque chose. On t’a pas filé ce super outil pour que t’en foutes rien ! » Pendant les journées européennes des métiers d’art, la coutellerie installe un petit atelier en extérieur qui propose au public de créer un manche de couteau à partir de petites plaquettes de bois. Les participants étaient satisfait de donner forme à de la matière, juste avec leurs mains et du papier de verre.
Du dessin à la finition
La création d’un couteau part toujours d’un dessin. Puis on le découpe, le scotche sur une plaque de tôle et marque la tôle avec une pointe à tracer en faisant le tour du trait. Avec une ponceuse, on détoure ensuite le dessin sur le métal. De la tôle on passe à l’acier, et on s’attaque à l’émouture. On crée le manche et il ne reste plus que les finitions. Du dessin à la finition, la création d’un couteau prend environ 5 heures.
Le coutelier a lancé une campagne de crowdfunding sur KissKissBankBank pour valider sa démarche et vérifier que sa création intéresse des gens. Il propose « Le Petit Parisien » en précommande, à prix réduit. Le Petit Parisien est le couteau du « gentleman de l’apéro ». Charles rejette la connotation violente du couteau. Il a donc dessiné cette lame qui va vers le bas, non perforante, utilisée à l’origine par les marins, en référence aux Nautes, nos ancêtres du bassin parisien, marchands et navigateurs. La collecte a permis d’acheter le backstand (une grosse ponceuse, le meilleur ami du coutelier) et payer une partie des frais d’entrée de son atelier, cour de l’industrie à Paris.
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