Rencontre avec le créateur de Canvasound
Et si une toile pouvait cacher une enceinte connectée ? Le maker Jean-Eudes arrivera bientôt dans les chambres d’hôtel, comme dans nos salons, avec son kit de sonorisation de tableau éco-conçu made in Lille. Rencontre.
Après des études aux Beaux-Arts dans les années 90, Jean-Eudes travaille dans des agences de design à Lille, où il est artiste designer. Il y a 5 ans, il tombe dans le monde des makers : « C’est vraiment ce qui me manquait dans le monde très design dans lequel j’évoluais : les mains ne travaillaient pas assez.
J’ai appris énormément avec les makers. Notamment dans les domaines de l’électronique, la robotique ou encore l’impression 3D. » Avec un groupe de makers aux profils variés (ingénieur, menuisier…), il crée alors Ecotech Design : une agence de design global qui éco-conçoit des objets hi-tech, connectés…
Les idées sont partout, même dans une chambre d’hôtel
C’est lors d’un long weekend à Berlin avec sa compagne que l’idée d’une enceinte intégrée directement dans un tableau lui est venue. « Il y a toujours une télé dans les chambres d’hôtel. Nous l’avons allumée mais il n’y avait que des chaînes en allemand et nous ne le parlons pas. Nous nous sommes dit que s’il y avait des enceintes bluetooth, on pourrait écouter notre musique. » Comme souvent dans les chambres d’hôtel, il y avait aussi des tableaux : « On s’est dit que cette enceinte pourrait être intégrée à la décoration. L’idée est venue comme ça ! » De retour à Lille, Jean-Eudes commence à élaborer son POC (proof of concept) : la toute première Canvasound. Poussé par son voisin d’un bureau d’études en ingénierie électronique, il se dit : pourquoi ne pas commercialiser ce kit pour les hôtels ?
Un kit de sonorisation éco-conçu en local
Début de l’année 2018, la MEL lance un appel à projet pour les Makers de la métropole lilloise. Accompagné d’un parrain pertinent pour développer leur activité – TechShop, Boulanger, Smart… –, les 10 makers sélectionnés ont lancé une campagne de financement participatif.
Lauréat du concours, Jean-Eudes a réussi son pari en collectant 250 % de son objectif de départ pour financer la pré-industrialisation de Canvasound. Toujours en phase de test, l’ambition du créateur est d’élaborer un kit de sonorisation dont l’ensemble des composants seraient fabriqués dans la région de Lille. »Je voudrais aussi que l’enceinte soit éco-conçue. C’est-à-dire : pas d’obsolescence programmée, la possibilité de la démonter, que tout soit hyper standard, que les poignées soient en bois plutôt qu’en plastique… », ajoute le créateur.
Boulanger, mentor et plus si affinité
Dans le cadre du concours, la Métropole Européenne de Lille a mis en relation Canvasound avec Boulanger. Partenaire de l’opération et parrain du projet Canvasound, l’enseigne a proposé à Jean-Eudes les services de ses ingénieurs, un accès à son laboratoire et prévoit d’apporter un soutien financier. Aujourd’hui mentor et demain distributeur ? Une fois le projet abouti, Boulanger pourrait bien en effet proposer à la vente le kit à installer sur ses propres toiles. Pour développer son projet innovant, le designer a également reçu un financement de l’État, pour la partie électronique de l’étude.
Métropole européenne de Lille : un vrai coup de pousse aux makers
« L’alliance de la Métropole et de KissKissBankbank est quelque chose d’assez fabuleux. Cela a permis de rendre des idées visibles. Je ne pense pas que j’aurais pu faire cela seul, que j’aurais jamais osé ou réussi à être aussi performant sans la MEL. La campagne aurait certainement demandé plus d’énergie et de moyens financiers pour pouvoir communiquer », raconte le designer. Dans le cadre de leur collecte de crowdfunding, les makers lillois ont en effet pu bénéficier d’une campagne de communication portée par la métropole : vidéos, relais sur les réseaux sociaux, affiches géantes des makers dans les rues de Lille… Les 10 lauréats – dans le « même bateau » – ont œuvré en équipe pour la réussite de leur campagne : « L’opération nous a ainsi permis de nous créer un réseau complémentaire. » Sur son expérience du financement participatif, Jean-Eudes rappelle : « C’est un vrai investissement en matière de temps. Une collecte de crowdfunding se prépare à l’avance. Il faut déjà être actif sur les réseaux sociaux. Il y a déjà énormément de choses à faire pendant la campagne donc autant préparer un maximum en amont. »
Envie d’en savoir plus sur ces projets lillois ? Découvrez les projets des 10 makers soutenus par la MEL.