L’association le Recho crée du lien entre les populations locales et les population en exil grâce à la cuisine. La démarche vient de 10 femmes engagées qui veulent se servir de leur métier pour tisser du lien à but social et solidaire. Leur slogan : cuisinons ensemble pour restaurer le monde. En faisant cuisiner ensemble les gens, l’association crée la rencontre différemment, avec simplicité et convivialité. Rencontre avec Vanessa Kryceve, fondatrice de l’association.
« Comment, en 2018, à notre époque, en Europe dans un des pays les plus riches au monde, on a totalement oublié le fait que la cuisine c’est avant tout un geste d’hospitalité, de partage et de bienveillance alors que dans les pays les plus pauvres du monde, les touristes sont accueillis à des tables ? »
Le Recho a plusieurs mission. La première, de nourrir les réfugiés en les invitant à table, comme des clients et leur servir des plats et des recettes qui leur font du bien en leur rappelant leur culture, leur histoire. « Quand on a tout perdu, qu’on est en exil et qu’on a plus rien, il nous reste la mémoire. » Le Recho se sert aussi de la cuisine comme langage universel. L’association n’apporte pas une réponse humanitaire à la crise mais une réponse fraternelle. La cuisine est un prétexte pour tisser des liens entre des personnes qui ne se seraient pas rencontrées. Elle simplifie le rapport à l’autre. Avec leurs plats, les cuisiniers prouvent que la richesse se trouve dans le multiculturalisme.
« La cuisine française est celle qui est le plus riche parce qu’elle a évoluée à travers les siècle. Si on avait pas intégré des courants de cultures venus d’ailleurs, on en serait encore à la poule au pot. Une bonne cuisine c’est une cuisine qui sait fusionner et mettre en valeur le goût de l’autre ».
En 2016, le Recho lance un premier crowdfunding pour créer une cuisine mobile, dans un camion. La campagne leur a permis de faire de ce projet un projet commun, de fédérer une communauté. Des entreprises, des restaurants, des marques, des particuliers… un engouement général leur a permis de récolter plus qu’espéré et d’acheter un camion. En lançant ce crowdfunding l’équipe du Recho a rencontré des communautés engagées et des partenaires comme La Ruche qui dit Oui et Les Colibris qui ont soutenu l’initiative.
2 ans plus tard, après 17 000 repas partagés et 52 ateliers de cuisine, le Recho a eu une opportunité pour changer d’échelle. Le maire de la ville d’Arras, propose alors à l’équipe de créer une initiative dans la ville. Au lieu d’organiser des ateliers de cuisine, le Recho décide de monter un restaurant solidaire éphémère au cœur de la ville pour que l’ensemble de la population se saisisse du projet. Les personnes accueillies sont alors devenues les hôtes et ont pu cuisiner pour les Arrageois, faire découvrir leurs savoirs, leurs cultures et leurs recettes.