Dans les années 70, le premier supermarché coopératif voyait le jour à New-York. Il aura fallu 40 ans pour que l’idée traverse l’Atlantique. Aujourd’hui, en France, ces magasins se multiplient comme des petits pains…
Il y a trois ans, le premier supermarché coopératif français, La Louve, terminait sa campagne de financement participatif et présentait un projet ambitieux : permettre à des coopérateurs de créer leur propre supermarché. Le concept est simple : en regroupant les achats, le collectif peut sélectionner des producteurs de qualité, les rétribuer justement et enfin, profiter de prix justes. Pour y participer, il suffit de s’investir au moins trois heures par mois dans le fonctionnement du lieu.
L’idée n’est pourtant pas nouvelle. Depuis 1973, à Brooklyn, le Park Slope Food permet à plus de 15 000 adhérents de s’approvisionner de la sorte. Il aura donc fallu près de 40 ans pour que le concept traverse l’Atlantique et commence à faire des émules. D’abord à Paris et Bruxelles et puis, aujourd’hui, c’est presque chaque ville qui se prépare à recevoir cette grande surface du futur.
Food Coop – Film Annonce from LARDUX FILMS on Vimeo.
« Tout d’abord, il y avait la nécessité de trouver un modèle différent, un système alternatif qui vaille la peine », relate Anne Monloubou, à l’initiative de la Supercoop à Bordeaux. Ensuite, il y a eu l’attaque qui a retourné tout le monde : Charlie Hebdo. Pour Anne, cet événement est « le déclencheur choquant, un véritable coup de pression » qui la poussera à agir et passer à l’action. Avec le soutien de La Louve et de Oui Share, collectif et accélérateur d’initiative dédié à l’émergence de la société collaborative, elle organise des réunions d’information. Elles rassembleront des citoyens soucieux de trouver une alternative à la grande distribution.
Décloisonner pour rassembler
Ces réunions sont un succès. Rapidement de futurs adhérents s’engagent et prennent part à des groupes de travail. « Au début, les sessions étaient organisées en groupes de travail selon différentes thématiques : achat, aspect juridique, finance, étude de marché, organisation interne… Les adhérents participaient volontairement, selon leurs intérêts ou compétences, afin d’avancer sur ces sujets », explique la jeune femme. Des profils différents, avec une problématique commune « comment mieux se nourrir ? », arrivent donc à mettre en place les outils et la structure nécessaire : « Les gens ne se connaissent pas, avancent et trouvent des solutions. »
Mais le travail collectif a aussi ses limites : « Il arrive que certains adhérents soient déroutés par l’ensemble des chantiers titanesques que cela représente. Une fois canalisé sur un projet, il faut passer au suivant et cela peut en décourager certain », souligne Anne, devant la complexité des opérations à mener.
Un collectif composé de chacun
Pour travailler ensemble, le groupe s’inspire de la méthode dite holacratique, système d’organisation et de gouvernance qui repose sur trois piliers :
- une gouvernance par cercle interdépendant et autogéré;
- une gestion par consentement;
- un système de réunion en intelligence collective.
« Chacun est amené à s’exprimer, les groupes se responsabilisent et l’individu s’engage dans l’entreprise », explique Anne, au sujet de l’holacratie. Aujourd’hui, le projet avance rapidement et la Supercoop n’attend plus que d’emménager dans son nouveau local. Idem pour les supermarchés collaboratifs de Toulouse, Montpellier, Lille, Biarritz (qui finit sa campagne). Bientôt, ce seront au tour de Marseille, Lyon et Nantes de se lancer.
Enfin, que reste-t-il à souhaiter à Supercoop ? « Yes We Can ! Changeons nos habitudes, nos vieux réflexes, montrons que l’optimisme est permis, qu’il y a une réelle économie à trouver dans le collaboratif. Le collectif est une force énorme mais c’est à chacun de prendre conscience qu’il fait partie du collectif ! », conclut Anne. Optimisme, économie collaborative et passer à l’action serait donc les outils pour un monde meilleur ?
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