Vous ressentez une irrésistible envie de renouveler votre bibliothèque ? Voici la deuxième partie de notre article qui fait le plein d’idées pour couvrir vos étagères et tables de nuit (et baignoires, tapis, garages, peu importe) de livres féministes. Découvrez 7 nouvelles propositions qui restent, bien sûr, complètement subjectives !
Plus que des livres politiques pour les droits de la femme, plus que des livres militants. Il s’agit plutôt ici d’histoires ou portraits de femmes, des essais sur la sexualité, des œuvres qui ouvrent l’esprit et le cœur. Pour tous les styles et tous les genres…
Suite de l’article 5 livres pour enrichir votre bibliothèque féministe (PARTIE 1)
1. Les Sentiments du Prince Charles de Liv Strömquist, (Rackham, 2016)
La bande dessinée Les Sentiments du Prince Charles n’est pas seulement drôle, elle est extrêmement bien documentée. C’est une œuvre de sociologie qui déconstruit les idées reçues et offre un grand souffle de soulagement à qui le lira tant elle remet les idées en place et rassure. C’est un livre qui se passe de main en main car il change la vie ou en tout cas la vision qu’on en a. C’est un plaidoyer très drôle pour l’autodétermination et la libération des corps et des consciences. On ne se rend pas compte à quel point nos relations humaines, sentimentales et sexuelles sont normées culturellement et relèvent de tant d’obligations. Si vous voulez convertir quelqu’un à l’égalité des genres, il est très facile de le faire avec une bande dessinée de Liv Strömquist.
2. Culottées, Intégrale de Pénélope Bagieu (Gallimard, 2019)
Pénélope Bagieu illustre avec humour et justesse le portraits de femmes illustres pas assez illustrées. Ces femmes, journalistes, volcanologue, inventrices, musiciennes, avant-gardistes, guerrières… ont pourtant marqué l’histoire mais les figures historiques sont trop souvent masculines. L’autrice, dans Culottées, remet les femmes au milieu du village !
3. Un féminisme décolonial de Françoise Vergès (La Fabrique Eds., 2019)
Le mot féministe, on vous le balance parfois à la figure comme une insulte quand il n’est pas repris par l’extrême droite, la gauche, le capitalisme… À une époque où le concept de féminisme et son vocabulaire sont utilisés à toutes les sauces politiques, que veut-il dire aujourd’hui ? Quelle est en fait cette lutte des femmes et de l’antiracisme, l’anticapitalisme et l’anti-impérialisme ? Dans son essai, « Un féminisme décolonial« , Françoise Vergès critique un certain féminisme occidental, bourgeois et donneur de leçon.
4. Les Argonautes de Maggie Nelson (Editions du sous-sol, 2018)
Maggie Nelson, romancière mais aussi essayiste américaine, propose avec Les Argonautes un objet littéraire très original mêlant autobiographie, autofiction, réflexions personnelles, théories philosophiques et sociologiques. Il faut s’accrocher par moment mais Maggie Nelson ouvre des perspectives très intéressantes et nourrissantes concernant la vision que nous pouvons avoir de la famille, du genre, des violences sexuelles… Et puis elle donne plein d’idées de lectures elle aussi : Judith Butler, Susan Sontag, Gilles Deleuze ou Roland Barthes.
5. Le Coeur synthétique de Chloé Delaume (Editions Seuil, 2020)
L’écrivaine Chloé Delaume a l’habitude de faire de l’autofiction expérimentale mais avec ce livre, Le cœur synthétique, elle veut prouver au petit monde de la grande littérature qu’elle peut aussi faire des livres « normaux ». Celui-ci est une sorte de Bridget Jones bien fichu qui suit le quotidien d’Adélaïde, une femme seule de 46 ans qui fait ce qu’elle peut. Le livre donne la patate, et il est encore mieux fichu que bien fichu car vraiment, ce livre donne envie de vivre (et de lire).
« C’est l’histoire d’une peur bleue qui se regarde dans le miroir. L’histoire d’une solitude qui se conjugue pour survivre. Adélaïde Berthel, c’est une faille comme une autre, moins longue mais plus profonde que celle de San Andreas. »
6. Apprendre à transgresser de bell hooks, (Les Éditions Syllepse, 2019)
La féministe américaine bell hooks dans son essai Apprendre à transgresser, dresse le récit de son expérience de l’enseignement comme acte politique en tant que femme noire aux Etats-Unis et c’est un témoignage bouleversant. Par des textes percutants, à la fois très personnels et politiques, bell hooks aborde le racisme, le sexisme et dénonce le rôle du système éducatif dans l’entretien de l’ordre dominant.
«Pour les Afro-Américain·es enseigner – éduquer – était fondamentalement politique, parce qu’ancré dans la lutte antiraciste. Ainsi, les écoles élémentaires que je fréquentais, réservées aux Noir·es, devinrent les lieux où je découvrais l’apprentissage comme une révolution. Bien qu’elles n’aient jamais défini ou énoncé ces pratiques en termes théoriques, nos enseignant·es pratiquaient une pédagogie révolutionnaire de résistance, profondément anticoloniale. »
7. Venus Poetica de Lisette Lombé (éditions de l’Arbre à paroles, 2020)
Ce livre est un cri. Le cri d’une femme noire, mère, la quarantaine, qui ressasse ses souvenirs mais va de l’avant avec une puissance folle. Une femme qui dévoile ses fantasmes et ses dégouts, qui s’interroge sur ses désirs, son corps et les violences qu’il subit. Lisette Lombé est une poétesse à découvrir absolument si ce n’est déjà fait. À lire et à relire.
« Entrer dans une salle et t’apercevoir que tu es la seule personne noire. Femme noire. Ruche blanche. Radar? Radiographie instantanée. Réflexe des filles de l’ancêtre-gibier. Calculs d’apothicaire. Combien de ta couleur? Qui dresse les tables ? Qui sert ? Qui garde les entrées et les sorties de la fête ? Qui nettoie les merdes et les miettes ? Qui repasse après les invités ? Qui sont ces petits shérifs qui pullulent et polluent ta solitude nègre ? Ils te disent, tous ces petits shérifs, ils te disent sans te dire, que les corps blancs et les corps noirs ne devraient pas se mélanger, que les vieux corps et les jeunes corps ne devraient pas se mélanger, que les corps riches et les corps pauvres ne devraient pas se mélanger, que les corps qui marchent et les corps qui rampent ne devraient pas se mélanger. »
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